Taïna, danseuse de Tamure

Taïna est une de mes cousines. De part ses parents qui sont de grands voyageurs, à l’âge de treize ans Taïna a déjà vécu au Vanuatu, à Mayotte et Tahiti. Elle vit maintenant en Nouvelle-Calédonie. En vacances à Nouméa, j’eu l’occasion de constater que malgré son jeune âge, ma cousine avait développé une richesse et une ouverture d’esprit hors du commun. Par exemple, elle peut parler de la vie à Mamoutzou, de la fabrication du kava au Vanuatu et à trois ans elle comprenait déjà aussi bien le français que l’anglais. Pour ma soirée de départ, mon oncle et ma tante lui demandèrent de me faire une démonstration de tamure, danse traditionnelle polynésienne. Après s’être vêtue de son pagne et avoir mis une cassette audio de musique tahitienne, elle commence à danser.

Je suis stupéfaite ! Elle fait à la perfection les mouvements si compliqués et danse comme une vraie vahiné, mêlant grâce, rythme et technique. Avec mes yeux de novice (il est vrai que je n’ai pas souvent vu danser le tamure) et de cousine aimante, le spectacle m’est parfait. Je me sens soudain très émue en la regardant. Mais oui Taïna, c’est ça, tu as raison! Toi qui es une française-arménienne de part les origines de tes parents, tu es également tahitienne de part ton vécu. Tu as une part de Tahiti en toi et tu as su la préserver malgré le fait que tu n’y sois plus. Tu as assimilé une partie de la culture de cette île en ayant acquis des éléments qui la composent, tels que le tamure.

J’étais fière de constater que ma jeune cousine maîtrisait déjà des notions qui me sont si importantes : s’adapter, apprendre et s’intéresser à ce qui est différent de soi. Il est vrai que l’on peut vivre dans un milieu et rester totalement hermétique à ses mœurs, son folklore etc. Ce n’est pas le cas de ma cousine qui, de part l’éducation que ses parents lui dispensèrent, acquit les dites notions depuis longtemps maintenant.

Je me dis à ce moment précis qu’elle avait beaucoup de chance d’être déjà si évoluée. En effet, alors que certains adultes d’âge mûr sont restés jusqu’à présent avec les mêmes préjugés sur telle ou telle civilisation, n’ont jamais regardé comment la vie se passait autre part, ni même conçu qu’elle pouvait se passer autrement, ma cousine avait déjà assimilé une partie d’une culture différente de ses propres origines. Cet exemple de tamure en est un parmi d’autres.

Dans chaque civilisation je peux trouver un élément culturel qui me fascine, attire ma curiosité ou m’amuse. Si je danse le tamure des Tahitiens parce que j’aime cela, je m’ouvre par ce biais à tout un peuple et ses caractéristiques, repoussant ainsi mes propres frontières. Je voyage intellectuellement.Je connais.